MAKARIOS III

MAKARIOS III
MAKARIOS III

MAKARIOS III, MIKHAÍL KHRISTÓDHOULOS MOUSKOS (1913-1977)

Né à Án o Panagkia, près de Páfos, dans une famille paysanne, le jeune Mikhaíl Khristódhoulos Mouskos ne peut faire des études que grâce à l’assistance d’un monastère. Après des études secondaires à Nicosie, il est, en 1938, ordonné diacre de l’Église orthodoxe grecque. De 1938 à 1943, il étudie le droit et la théologie à Athènes et assure des prédications dans une église du Pirée. Ordonné prêtre en 1946 — il reçoit le nom de Makarios (Bienheureux) —, il poursuit avec l’aide du Conseil mondial des Églises ses études à Boston (1946-1948). À son retour, il est nommé évêque de Kition (Kéti) et dès lors participe activement au mouvement des Chypriotes grecs revendiquant le rattachement de leur île à la Grèce. Élu en 1950 archevêque de Chypre, il devient également «ethnarque» — c’est-à-dire chef — de la communauté grecque orthodoxe de l’île; attribuée par l’administration ottomane aux chefs des communautés religieuses de l’Empire, la charge comportait à la fois, outre l’exercice de pouvoirs temporels, des pouvoirs administratifs, économiques et fiscaux, ainsi que des responsabilités en matière d’éducation, de représentation politique et même d’organisation militaire. L’Église de Chypre étant autocéphale, Makarios avait droit au titre de chef de la communauté orthodoxe et pouvait, par sa position, influer grandement sur le devenir politique de l’île. La population grecque de Chypre ayant demandé huit mois plus tôt par plébiscite l’union à la Grèce, l’Enôsis, Makarios se fait leader de ce mouvement nationaliste et parcourt les pays occidentaux pour faire connaître et confirmer les justes raisons de la revendication des Chypriotes; l’administration britannique feint d’ignorer la demande, puis en 1955-1956 laisse le gouverneur de Chypre, sir John Harding, engager des négociations avec Makarios et, pour couper court aux manifestations populaires, déporte en 1956 Mgr Makarios aux îles Seychelles. L’action terroriste de l’E.O.K.A. (Organisation nationale des combattants chypriotes), créée en 1955 par le colonel chypriote grec Grivas, n’avait pas été pour rien dans la décision britannique; toutefois, Makarios préconisait que l’on ne recoure qu’aux manifestations pacifiques et désavouait l’E.O.K.A. La relégation du leader chypriote s’étant opérée dans des conditions fort particulières — son avion est détourné par les Anglais vers les Seychelles, alors que celui-ci se rendait traiter des conditions de l’autodétermination avec Londres —, le terrorisme s’accroît dans l’île; la communauté musulmane de l’île prend de son côté les armes contre l’E.O.K.A. et réclame son rattachement à la Turquie. Londres et Washington ne voulant pas d’un conflit entre deux membres de l’O.T.A.N., des négociations entre la Turquie et la Grèce s’ouvrent à Athènes; libéré, Makarios prend part aux négociations; préconisant une solution pacifique, il obtient l’indépendance de l’île et devient en décembre 1959 chef de ce nouvel État.

Devant affronter très vite les partisans du rattachement à la Grèce — le général Grivas avec l’E.O.K.A. et une partie de l’Église chypriote animée par Mgr Kyprianos —, il neutralise Grivas en lui confiant le commandement des forces armées et œuvre au rapprochement des communautés orthodoxe et musulmane. En 1964, prenant occasion de l’arrivée au pouvoir à Athènes de forces centristes animées par Georges Papandréou et devant faire face à des affrontements sanglants entre les communautés, il demande la révision des accords définissant le statut de Chypre et tente de faire admettre une formule réalisant l’Enôsis. La chute de Papandréou et la prise de position de Grivas en faveur des colonels le font alors se retrancher dans une volonté d’indépendance complète de l’île qui respecte l’existence des deux communautés. Plébiscité aux élections de 1968 et soutenu par le centre travailliste et par la gauche communiste (A.K.E.L.), il rompt avec les nationalistes de Grivas et épure l’Église des prélats nationalistes. Il échappe à plusieurs attentats, mais la mort de Grivas en janvier 1974 lui permet d’envisager une action qui le libère des actions nationalistes. Makarios demande à la Grèce de rappeler les officiers grecs qui encadrent la garde nationale chypriote, mais avant même qu’Athènes n’ait réagi en réponse à sa demande les officiers grecs en poste à Chypre entraînent la garde nationale à se révolter. Makarios, dont on a annoncé la mort, est renversé le 15 juillet 1974 et doit fuir à Londres; les troupes grecques et turques interviennent. En août, Glafcos Cléridès, chef du gouvernement chypriote, doit quitter Nicosie pour Limassol. En décembre, Makarios rentre à Nicosie, où il est triomphalement accueilli, et reprend la tête du gouvernement, jusqu’à sa mort le 3 août 1977.

Makários III
(Mikhaíl Khristódhoulos Mouskos, en relig.) (1913 - 1977) archevêque et homme politique chypriote; premier président de la République de Chypre (1959-1977).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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